Tout commence comme dans une romance classique. Chloé, employée dans une grande librairie, cherche l’amour. Première étrangeté, ce sentiment elle le compare à une maladie. Pour résumer (l’auteur est plus subtil que moi) : un flirt est tel un rhume, il passe rapidement. Une relation plus sérieuse équivaut à une grippe, elle dure plus longtemps. Pourtant, elle espère quand même attraper le grand amour, même si dans ce cas il s’agira certainement d’une maladie grave. Elle le sait, l’amour de sa vie entrera en scène à l’improviste, comme un virus, et c’est effectivement ce qui arrive lorsqu’elle croise le regard de Colin, client du magasin dans lequel elle travaille. Il s’agit donc bien d’une romance, mais déjà à ce stade, à travers le style incisif, voire impertinent de l’auteur, on comprend que quelque chose cloche.

Cette belle histoire d’amour ne sera pas aussi enchanteresse que prévu. En fait, nous quittons rapidement le romantisme. Ce n’est pas l’histoire du prince charmant riche à millions qui veut séduire la petite employée payée au SMIC. C’est une histoire d’amour réelle, avec des personnages ancrés dans la réalité. Il y a donc forcément pas mal d’embûches. Pourtant, l’amour grandit, dans le cœur de Chloé, même si tout n’est pas parfait et qu’elle doit faire face à de nombreux doutes. Ce sentiment qu’est l’amour rend véritablement aveugle et pendant longtemps elle ne verra rien, même si les indices sont là, assez évidents. L’amour frappe-t-il vraiment au hasard ?

Nous ne le saurons qu’à la toute fin, après de nombreuses péripéties. Emporté par le style unique de l’auteur, la seule envie du lecteur est de tourner les pages, de plus en plus vite. Car à la lecture, le malaise s’installe, il est évident que quelque chose ne va pas, que beaucoup de personnages nous cachent leur véritable identité. Ce n’est plus une romance, mais une enquête au cœur du sentiment amoureux, pour essayer de comprendre pourquoi les événements n’épargnent rien à Chloé. On dirait presque qu’elle vient d’entrer dans une quête pour apprendre une leçon magistrale, il y aura donc bien une morale à toute cette histoire. Mais finalement rien ne sera épargné au lecteur non plus, puisque soudain tout s’éclaire et la stupéfaction est totale. On comprend que le grand amour est telle la gangrène, il ronge doucement son hôte et nous savons comment cela se termine…

L.-J. Wagner a un style vif, incisif, direct, sans fioritures. Il nous entraîne dans une spirale infernale qui nous rend accros au livre. Attention, il s’agit d’une anti-romance, où est dévoilé l’un des visages de l’amour que nous ne voulons pas forcément voir, mais qui pourtant arrive tellement souvent. Si la littérature est généralement naïve envers les élans du cœur, que tout se finit bien avec un simple « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », dans ce roman nous évoluons dans le monde réel et de nombreuses leçons sont à tirer. Grâce à ce livre, apprenez à vous méfier des apparences du romantisme pour éviter de sombrer dans le piège des illusions du cœur…

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