Ce recueil de nouvelles a deux particularités, qui en font tout le charme. D’abord, il est écrit par deux auteures, qui ont décidé d’unir leur talent pour chacune écrire une série de nouvelles. Ensuite, elles se sont fixé un thème commun, les éruptions volcaniques de l’an 536 qui ont bouleversé le climat du monde. Ainsi, elles nous proposent un voyage dans le passé, pour découvrir comment les êtres vivant à cette époque, dans différents pays, ont appréhendé cette catastrophe naturelle.
Aujourd’hui nous avons la science pour nous expliquer ce type de phénomène. Là, nous sommes projetés dans un temps où rien n’est vraiment scientifique, mais principalement lié aux croyances et aux religions. Ces éruptions ne sont alors pas expliquées comme quelque chose d’entièrement naturel, il y a une part divine, peut-être une punition. Chaque nouvelle aborde le thème sous un angle différent.
Ce qui est génial, et très difficile à faire dans l’écriture de la nouvelle, est qu’à chaque fois les lieux et les personnages sont si bien dépeints qu’on arrive rapidement à s’attacher à eux. Nous sommes donc constamment plongés au cœur de la petite histoire qui nous est proposée. Il faudrait presque se forcer à lire une nouvelle par jour, pour l’apprécier pleinement, comme un roman en miniature. Car chaque fois beaucoup de questions sont posées et des pistes de réflexion ouvertes. On comprend très vite les enseignements que l’on peut tirer par rapport à ce qui arrive aujourd’hui, où nous avons aussi affaire à un changement climatique. Parfois nous ne sommes pas plus rationnels que ces personnages de l’an 536…
On imagine bien la somme des recherches qui a été nécessaire pour replonger le lecteur aussi loin dans le temps avec tellement de précision. Mais c’est bien le style des deux auteures qui nous entraîne et donne envie d’avoir encore plus de nouvelles signées de leurs mains. L’éditeur a décidé de ne révéler le nom de chacune qu’à la toute fin, c’est-à-dire attribuer chaque nouvelle à son auteure seulement dans la table des matières. Si vous découvrez le recueil, essayez de différencier les auteures pendant la lecture, c’est assez difficile, elles écrivent toutes les deux parfaitement.
Encore une fois, la nouvelle est un art difficile. Mais ici, il est maîtrisé. Et comme dit, on a envie d’aller lentement, une découverte par jour, pour bien apprécier chaque récit. Je vous invite fortement à plonger dans ce passé reconstitué, mais crédible et à la hauteur d’un travail d’historien. Car c’est bien en étudiant les réactions et comportements du passé que nous pouvons savoir de quelle manière nous devons réagir face aux événements qui se reproduisent régulièrement. Les Hommes passent, la nature ne s’arrête jamais. Dans cinq cents ans, comment deux auteures décriront-elles nos civilisations à l’heure du changement climatique ?