Contre sa volonté
Avant de poursuivre sur la prise de conscience de la puissance de la volonté et de ce que nous pouvons accomplir grâce à elle, il est difficile d’occulter le fait qu’au cours d’une existence, nous agissons parfois contre notre volonté. Et plus souvent encore, nous nous soumettons à la volonté des autres.
N’est-il pas désagréable de se dire : « Je dois » ou « Il faut que » ? Combien de fois vous sentez-vous obligé de faire certaines choses ? Bien entendu, il existe des obligations qu’on ne peut pas éviter, même si on ne les apprécie pas. Il faut que je paie ma facture d’électricité, je dois envoyer ma déclaration de revenus avant une certaine date… Personne n’apprécie ces obligations, mais en somme elles font partie de la vie que nous avons choisie. Si vraiment nous n’en voulions pas, il faudrait habiter dans une cabane au fond des bois, sans le confort de la vie moderne. Ce confort, nous le voulons, s’y attachent donc de nombreuses obligations.
Il existe bien d’autres domaines dans lesquels nous agissons contre notre volonté. Car ce n’est pas la volonté qui dirige, c’est moi qui décide de faire uniquement ce que je veux, ou d’aller parfois contre ma volonté pour des raisons sociales ou culturelles. Vous pouvez ne pas avoir envie de vous rendre à une soirée organisée par votre entreprise. Votre véritable volonté est de rester chez vous, de ne pas voir vos collègues plus que de raison, en dehors des heures de travail. Mais ne pas participer, ce serait s’exclure, ne pas faire partie du groupe et cela entraînerait des conséquences au quotidien. Vous accordez de l’importance à la manière dont les autres vous perçoivent, ainsi contre votre volonté vous assistez à cette soirée. La vie en société nous oblige à certaines contraintes, pour ne pas être mis au ban de cette société on ne peut pas toujours faire ce que l’on veut réellement. Il ne faut toutefois pas abuser de cette possibilité, car ce que vous voulez est ce qui vous permettra de vous épanouir. Si vous allez trop souvent contre votre volonté, vous ne pouvez pas être heureux.
On peut aussi aller contre sa volonté en refusant de choisir. Les choix sont fréquemment difficiles à faire et nombreux sont ceux qui n’aiment pas avoir à choisir. Pour simplifier, imaginons uniquement deux choix. Généralement, l’un de ces choix est assez clairement ce que vous voulez et l’autre ce que vous ne voulez pas. Mais les choses ne sont jamais aussi simples qu’elles paraissent. Car il arrive que, pour des raisons extérieures, vous soyez obligé de choisir l’option que vous ne vouliez pas. Par exemple, ce soir j’ai le choix entre rester à la maison devant la télévision ou sortir au restaurant avec ma moitié. Épuisé, ce que je veux vraiment c’est rester à la maison. Pourtant, je vais choisir la deuxième option, pour faire plaisir à la personne que j’aime. Cet exemple est léger, puisque bien sûr, même si je suis allé contre ma volonté il reste le plaisir de faire plaisir à l’autre. Pensez à ces moments où vous aviez le choix et avez préféré aller contre votre volonté, pour les autres… Et puis, il arrive que nous soyons tentés par deux choix qui nous plaisent. Il faut alors trancher contre sa volonté pour des raisons extérieures. Je veux une belle voiture et je veux des vacances de luxe. Mais mon compte en banque ne permet pas les deux. Une fois de plus je vais devoir choisir et ainsi contrarier ma volonté en renonçant à l’une des deux options.
Que remarque-t-on ? Eh bien, que lorsque nous allons contre notre volonté, c’est principalement à cause du monde qui nous entoure. Parce que la société impose certaines obligations. Parce que la vie en communauté oblige à des « sacrifices » pour ne pas s’exclure entièrement du groupe auquel nous appartenons. Nous faisons certains choix contre notre volonté pour faire plaisir à ceux que nous aimons. Lorsque nous allons contre notre volonté, nous ne sommes pas heureux, nous ne nous sentons pas bien. Et il est souvent plus difficile de faire exactement ce que l’on veut. Il est plus simple de renoncer et de se plier à la volonté des autres, pour ne pas créer des tensions. Ce que l’on veut semble souvent difficile à atteindre. Surtout, on veut très souvent ce que l’on n’a pas. C’est un point très important, que nous allons aborder dans un article à part : vouloir ce que l’on a avant de vouloir ce qui nous manque. Mais finissons par bien prendre conscience que rapidement nous contractons l’habitude de renoncer à notre volonté, parce que c’est plus facile. Ce qui nous conduit à ne pas être pleinement qui nous sommes, à ne pas pouvoir être heureux. Tout le principe de ces articles est d’affirmer sa volonté, car c’est en allant vers ce que l’on veut réellement que l’on vit pleinement.
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Citation :
« Ce que tu veux, au fond de toi-même, voilà ce qu’il faut que tu sois ; ce que tu es, tu le veux. »
Le fondement de la morale, Arthur Schopenhauer.
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