Le numérique

Le livre numérique semble ne pas avoir conquis la France, du moins on en entend très peu parler. Sans doute pour préserver les libraires, ce qui est très bien, mais aussi peut-être parce que le livre numérique est trop associé à Amazon, qui a été le pionnier et qui domine le marché grâce à sa force de frappe. C’est quand même dommage. Je comprends parfaitement les lectrices et lecteurs qui préfèrent la version papier. Personnellement, je me suis mis au livre numérique depuis bien des années et c’est désormais le mode de lecture que je privilégie.

Le premier avantage est de pouvoir commencer la lecture tout de suite ! Quand je veux un livre, c’est immédiatement. Je sais, je devrais apprendre la patience, moi qui aime critiquer ce monde où tout va trop vite et où personne ne prend plus le temps. Mais bon, je ne sais pas prévoir quand j’aurai le temps de lire (quelque chose d’autre que des manuscrits) donc quand soudain j’ai du temps devant moi, il me faut un livre tout de suite !

Le deuxième avantage est le prix. Comme je lis beaucoup, je ne peux pas acheter des dizaines de livres à vingt euros. Malheureusement, en France l’argument du prix n’est pas toujours évident. La plupart des éditeurs français n’ont pas encore compris le principe et mettent le livre numérique à quatorze euros ou plus, ce qui est totalement contre-productif. Mais on ne veut pas vexer les libraires… Heureusement qu’il y a les autoédités ou les maisons d’édition « modestes » qui permettent de télécharger des livres sans se ruiner. Et heureusement que je peux lire en anglais, les Américains, eux, ont tout compris. Pour ceux qui dévorent plusieurs livres par an, le prix du numérique reste essentiel !

Troisième avantage, la taille du livre. Toujours la même, puisque j’ai une liseuse. Désormais je trouve assez inconfortable de lire un livre papier, tranquillement allongé sur mon lit. Surtout en été, avec le ventilateur qui tourne et qui donc fait aussi tourner les pages… Je sais, cet argument semble futile, mais au moins le livre numérique n’a pas les inconvénients du papier. Il se glisse rapidement dans le sac, je peux le lire partout, je ne risque pas de perdre le marque-page, ce qui m’arrivait souvent. Je peux surligner des passages que j’aime très facilement. Et je n’ai pas besoin d’acheter un appartement plus grand parce que ma bibliothèque explose…

Personnellement, je ne vois que des avantages au livre numérique. S’il faut vraiment lui trouver un inconvénient c’est qu’on ne peut pas le faire dédicacer quand on rencontre l’auteur… A part ça, dans cette société obnubilée par l’écologie, je ne comprends pas que le livre numérique soit encore aussi confidentiel. Cela donne le tournis de penser à ces tonnes de papier et donc d’arbres abattus pour les livres papier. Certes, une liseuse n’est pas totalement vertueuse écologiquement, elle consomme de l’électricité et la batterie n’est pas faite en carton recyclé. Mais bon, j’ai la même liseuse depuis dix ans donc j’ai quand même sauvé beaucoup d’arbres. Et pour ce qui est de l’électricité, on veut uniquement des voitures électriques en 2050 donc ce ne sont pas les petites liseuses qui vont nous obliger à faire tourner des usines à chardon !

Bref, j’ai adopté le livre numérique et j’y vois tellement de côtés pratiques que je ne comprends pas qu’il ne trouve pas son public parmi les lectrices et les lecteurs. Je verrai bien si « Michael : Invisible » en version numérique se vend…

À la demande 

Les éditions Souffles Littéraires ont décidé, dès le départ, de distribuer leurs livres en passant par l’impression à la demande. D’abord, parce qu’il est triste de voir des milliers de livres finir au pilon, donc dans une benne. C’est d’autant plus pertinent aujourd’hui avec la crise qui touche la fabrication du papier. Il est aberrant qu’on continue à imprimer des milliers de livres qui finissent à la poubelle. Le monde de l’édition devrait se réinventer. Ensuite, c’est une conscience écologique qui a poussé Souffles Littéraires à choisir l’impression à la demande. Chaque livre n’est imprimé que lorsqu’une commande est passée. Ce qui conduit, enfin, à la dimension économique, non négligeable. Grâce à cette technologie, la maison d’édition n’a pas à faire de stocks ni à les gérer, ce qui coûte très cher. Ainsi, cette méthode offre plus de liberté et éloigne le risque de faillite au bout de seulement quelques mois d’exploitation…

Malheureusement, le monde du livre, du moins en France, n’est pas prêt pour l’impression à la demande, qui pourtant est intéressante écologiquement et financièrement. Passons sur le fait que des livres nous incitant à des pratiques plus écologiques consomment une quantité incroyable de papier et d’énergie pour finir au pilon… Si le monde de l’édition ne s’y est pas encore mis, c’est purement pour une question financière. Ce qui se passe aujourd’hui c’est que les librairies reçoivent des piles de cartons, avec les nouveautés à mettre sur les rayons et ensuite, tant pis si cela ne se vend pas, les exemplaires sont retournés pour être jetés. Mais, en attendant, la librairie n’a rien à payer pour tous ces livres et ne se fait une marge que sur ceux effectivement vendus. Avec l’impression à la demande, la librairie achète le livre avant de le vendre. Il n’y a pas de système de dépôt-vente. On comprend les difficultés, c’est certain et c’est pourquoi il faudrait entièrement réinventer la filière du livre.

Les librairies en ligne ne sont pas non plus prêtes pour l’impression à la demande. Toujours dans une optique économique. Car elles aussi devraient acheter le livre, l’entreposer puis, s’il ne se vend pas, c’est une perte sèche pour le libraire (ou la grosse entreprise qui vend des livres sur Internet). Mais dans le cas des librairies en ligne, la solution est assez simple. L’impression à la demande ne signifie pas qu’il faille attendre des mois avant de recevoir le livre. Grâce aux solutions Hachette Livre et Lightning Source, n’importe quel livre peut être rapidement imprimé et envoyé (dans les quarante-huit heures). Certes, sur Internet nous ne sommes plus habitués à patienter plus d’une journée avant de recevoir notre commande, mais est-ce si grave d’attendre ?

Ainsi, on se retrouve dans une situation ou « Michael : Invisible », annoncé en précommande sur les librairies en ligne, devient « indisponible » le jour de la sortie. Parce que les librairies virtuelles ne passent pas de commandes de livres imprimés à la demande avant la date de sortie. C’est un gros handicap pour les maisons d’édition qui choisissent de passer par cette solution, et pourtant de plus en plus s’y mettent. Car évidemment, c’est le jour de la sortie que les lecteurs veulent l’ouvrage. C’est pourquoi l’éditeur a sa propre boutique en ligne. Là, la chaîne du livre nouvelle génération est parfaitement viable : le livre est disponible, quelques exemplaires sont précommandés pour satisfaire les premières demandent et ensuite, toute commande peut être satisfaite rapidement. Avec l’impression à la demande, il n’y a jamais d’épuisement des stocks !

C’est donc tout un monde qu’il faut réinventer, toute une chaîne du livre qui a ses habitudes depuis des décennies, pour que l’ensemble soit plus éco-compatible, que des milliers de tonnes de livres ne soient pas jetées chaque année et que, malgré tout, les lecteurs ne soient pas trop perturbés, puissent accéder au livre qu’ils veulent rapidement… Sinon, il reste le livre numérique !

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